mercredi 2 mai 2007

J-1

Dernier jour en Syrie avant de rejoindre l'Irak. Mon ami bagdadi Mohamed ne rêve que d'une chose : fuir la Syrie. Il a entendu parler de la Malaisie et s'est donc fixé ce but comme nouvel espoir. Peut-être trouvera-t-il un boulot là-bas. Pour lui, les journées syriennes se ressemblent. Il ne se lèvent pas avant midi et ne dort pas avant l'aube. Ses copains, qui ont eux aussi fui la violence, ont loué un appartement piteux mais confortable. Ils passent le temps entre films et parties de Playstation. Entre sieste et cybercafé. Rien de tel pour prendre du poids.

Nous nous promenons dans le quartier Jeramana. C'est vrai qu'on s'y croirait à Bagdad. Les restaurants irakiens poussent comme des champignons. L'accueil y est très courtois, très généreux. Comme en Irak. Dans la rue, le dialecte de Bagdad titille mes tympans. Il suffit alors de fermer les yeux pour s'imaginer dans les faubourgs d'Al-Mansour...

Près de la mosquée Omeyyade, j'aperçois un escalier mécanique. Machine toute nouvelle ici. Les syriens n'ont pas l'habitude. Les irakiens non plus d'ailleurs. Les gens y accourent avec curiosité. Les dames ont peur et manquent de tomber à la renverse. C'est fou comme les conditions changent d'un pays à l'autre. Plongé dans mes réflexions, je fais comme à Paris et continue de monter les marches de l'escalier mécanique sur le côté gauche, attirant ainsi tous les regards. J'avais osé défier la machine ! Les réflexes aussi changent d'un pays à l'autre.
Lorsque vous parlez avec un syrien, il peut réagir de deux manières. Soit il vous renie, soit il vous chérit. J'en ai fait l'expérience en prenant des taxis. Ce matin, je suis monté dans une petite voiture jaune en passe de mourir. Et mourir, j'y ai echappe trois fois. Le chauffard…pardon, le chauffeur avait un probleme de coordination. A chaque incident, il criait "America!" La roue devait avoir un problème car nous roulions en zigzag. De telle sorte que mon épaule gauche et ma tête partaient vers la droite toutes les secondes. Une danse comique. Le chauffeur n'arrêtait pas de prendre des petites ruelles pour perdre du temps. J'avais bien compris sa démarche. "Arrêtez vous s'il vous plaît". Et de claquer la porte, un peu sonné. En fin d'après-midi, nous avons pris un autre taxi. Beaucoup plus accueillant. Alors que Mohamed et moi discutions, je remarque que le chauffeur nous écoutait attentivement. Lorsque j'ai voulu payer, il a refusé. "Vous êtes irakiens, donc je ne prend rien de vous. Je suis solidaire de votre pays et c'est pourquoi je jure par Dieu que je ne prendrais pas d'argent de vous mes frères". La solidarité dans le monde arabe existe-t-elle encore?

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