mercredi 24 octobre 2007

Younès Mahmoud, symbole de l'unité irakienne

Paru dans l'édition du Soir (Belgique) le 24 Octobre 2007

Parmi les célèbres joueurs sélectionnés pour le Ballon d'or, il y a Kaka le brésilien, Cristiano Ronaldo le portugais et Thierry Henry le français. Désormais, il faudra compter avec Younès mahmoud l'irakien. Un nom qui sort du lot, comme une erreur. Mais Younès Mahmoud mérite plus que quiconque sa place de nominé au Ballon d'or. Car l'irakien est l'auteur d'un exploit sans précédent. Un but victorieux lors de la finale de la coupe d'Asie face à l'Arabie Saoudite (1-0) et le voici propulsé aux côtés des grands du football mondial. L'entraîneur brésilien, Jorvan Vieira, était le premier à féliciter ses joueurs pour avoir réussi cet exploit, malgré la dure réalité : "Ces joueurs sont formidables, il faut comprendre combien c'est dur pour eux", avait déclaré le sélectionneur de 54 ans. "Ils vivent ce drame depuis des années et ont une force intérieure incroyable". Pour en arriver là, l'équipe nationale irakienne a surmonté beaucoup d'épreuves. D'abord, la passivité du gouvernement irakien au début de la compétition. Alors que les autres équipes avaient droit à un jet privé, les joueurs irakiens ont pris l'avion en seconde classe et fait une escale de six heures en Malaisie juste avant un match important. Mais bien pire, à chaque rencontre officielle, le bain de sang n'a cessé de couler en Irak. Comme ce match de la demi-finale contre la Corée du sud où plus de cinquante irakiens périrent dans des attentats à la voiture piégée pendant qu'ils célébraient la victoire de leur équipe. Les joueurs, eux-mêmes directement concernés par la mort de proches, ont porté des brassards noirs pour leur rendre hommage. Hawar Mohamed, un des coéquipiers du numéro dix, a perdu sa mère durant le quart de finale. C'est le coeur lourd et sans doute la rage aux ventre que cette équipe exemplaire par son unité est allée jusqu'au bout. C'est un dimanche 29 Juillet que les irakiens n'oublieront jamais. Ce jour-là, les "lions des deux fleuves" ont inondé le terrain face aux "fils du désert", une équipe saoudienne dominée durant tout le jeu. Un impénétrable gardien de but "chiite", la passe décisive d'un "kurde" et un but de la tête du "sunnite" Younès Mahmoud a confirmé le destin de cette équipe que nul ne voyait réussir au regard de la situation chaotique de l'Irak. En réponse, des supporters ont scandé : "nous ne sommes pas chiites, nous ne sommes pas sunnites, nous sommes irakiens!".

Un pied de nez au gouvernement irakien

Une phrase du commentateur lors de la rencontre n'avait échappé à personne : "l'Irak n'était pas confessionnel, les joueurs viennent de prouver qu'il ne le sera jamais". Rares sont les victoires sportives ayant autant de sens politique.
Là où le gouvernement irakien a échoué, une équipe composée de sunnites, chiites, kurdes et turcomans a donné l'exemple. « J’aimerais rentrer à Bagdad pour fêter ça, mais qui protègera ma vie ? », s'était demandé le capitaine Younès Mahmoud au lendemain de sa victoire. « En Irak, nul ne sait qui vous tuera », avait-il lancé. Un message clair en direction des hommes politiques irakiens. Cette fois-ci, le sportif avait laissé la place au citoyen irakien.
Né le 3 Février 1983 à Kirkouk, Younès Mahmoud a grandi dans le nord de l'Irak. C'est là qu'il débutera sa carrière de footballeur. Une enfance modeste et une éducation stricte feront de lui un irakien attaché à son pays et à son unité. De Kirkouk au Qatar où il joue au club Al-Ghafara, le numéro dix a toujours porté en lui cette fierté d'être irakien. Du haut de son mètre quatre vingt cinq, son sourire contagieux cache la tristesse d'une famille victime du conflit. Des proches tués ont convaincu la famille du joueur de quitter l'Irak et d'aller rejoindre les millions de réfugiés en Syrie. Ces derniers l'ont compris, Younès Mahmoud est le vrai symbole de l'unité nationale. "Le Premier ministre Nouri Al-Maliki tente de réconcilier le peuple irakien depuis des mois sans succès. Younès Mahmoud l'a fait en quelques jours" observe un réfugié irakien. A l'annonce de sa nomination par le mi-hebdo France-Football, le capitaine irakien n'en croyait pas ses yeux.
« Je ne sais pas quoi dire, être parmi les 50 meilleurs joueurs de la planète est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis notre victoire en Coupe d'Asie des Nations en juillet à Djakarta. Je dédie cette distinction au peuple irakien qui n'en finit pas de mourir chaque jour. La Coupe d'Asie a démontré que le football est l'unique échappatoire pour ce peuple. Je remercie France Football d'avoir pensé à moi. C'est un honneur de rivaliser avec des joueurs talentueux comme kakà Ronaldo, Messi et les autres. Faire partie de la crème des joueurs du monde est déjà la plus belle consécration pour moi », a-t-il réagi, ivre de joie. Un nouveau message?

Feurat Alani

Une interview donné à Fifa.com, ici

dimanche 7 octobre 2007

Gordon Brown renonce aux élections anticipées

J'en profite donc, c'est exactement ce que je disais sur le plateau de Catherine Galloway sur France 24 pour l'émission "Face off" en lien sur mon blog (modestie oblige). Et si vous ne comprenez pas l'anglais (ou mon accent), à la question "Est-ce que Gordon Brown use d'une bonne stratégie politique?", je répond par la négative puisque la presse britannique, y compris The Guardian, classé à gauche, a dénoncé cette stratégie basée sur des sondages. On n'utilise pas la vie de soldats englués pour sa propre vie politique. Résultat, la presse britannique a fait son boulot. Et l'opinion anglaise a suivi. Au lendemain du congrès des conservateurs, les sondages étaient moins optimiste pour l'équipe travailliste de Gordon Brown. Conséquences ? Ce dernier a aussitôt abandonner l'idée d'organiser des élections anticipées qui le donnait vainqueur. Pour une fois, la presse n'a pas été bernée par l'état de grâce...