vendredi 27 avril 2007

Damas, Omeyyade et le jus de fraise

Je me suis promene dans la vieille ville ce matin. Pas grand monde en ce vendredi de repos. Quelques touristes, vendeurs de cigarettes imitees ou d'origine et des vendeurs de jus de fruits. En passant par le souk le plus repute de Damas, j'ai croise des americains en mal d'orient et quelques iraniens venus respirer un peu de liberte. Pour certains d'entre eux, cette liberation se materialise par une visite a la mosquee Omeyyade ou reposerait la tete de Hussein. Autour de son tombeau, des pieces de monnaies et des photos d'identite decorent le sol. Mais certains s'arretent la et ne vont pas jusqu'au bout du periple ou l'on peut quand meme toucher le mausolee de Saladin. Oui, le vrai. En sortant de cette endroit pittoresque, je prend quelques photos de ruelles anciennes sans grande valeur pour les syriens. Des amis irakiens ne comprenaient pas non plus mon interet pour ces ruelles etroites poussiereuses et monochromes. "Prends plutot la place des sept mers(en fait une simple fontaine)" me disait-on.
Sous un soleil agreable, rien de tel qu'un jus de fraise fait maison pour entamer l'apres-midi. Vitamines a bloc, je suis alle voir ce fameux quartier qui ressemble aux faubourgs de Bagdad. Effectivement, il y ressemble. Mais en plus de cela, il est essentiellement peuple d'irakiens. Les restaurants traditionnels ne manquent pas et je n'ai pas pu resister au Kabab irakien, bien gras mais tellement bon.
Je pars dans trois jours. Demain, je vais rencontrer quelques officiels. Et surement retrouver cette ambiance si joviale des institutions arabes...

mercredi 25 avril 2007

L'aéroport international de Damas

International oui, surtout à partir du mois d'Avril. L'aéroport fourmille de dialectes. Mais celui qui domine la scène est le farsi. Les iraniens sont là et le montrent. Ils piétinent et doublent tout le monde. D'un geste de la main en arc de cercle, presque brusque, j'en stoppe quelques uns et leur montre l'autre bout de la queue "là-bas". Je n'arrive jamais à m'y faire à cette désorganisation orientale. Pas d'ordre, ni même de courtoisie. Je ne sais pas pourquoi dans les aéroports, chacun essaie de doubler l'autre, de tricher. Alors qu'il suffirait d'être tout simplement patient pour en finir vite.
Me voici face à deux fonctionnaires syriens, je fais semblant de ne pas comprendre l'arabe et tend mon passeport français. Pourquoi? Je ne sais pas. Je m'imagine au milieu d'une patinoire en plein theatre d'improvisation. J'improvise donc. Leur rôle? Savoir si je mérite l'entrée en Syrie.
- D'origine irakienne?
- Hum...yes
- Tu ne parles pas l'arabe?
- Hum...yes
Les deux fonctionnaires se regardent. Ils croient tenir le pigeon de la soirée. Et se mettent à blaguer. A sortir des phrases hors contexte.
- Tu veux du thé? me lance en arabe le petit moustachu
- I don't understand. I just want my visa
Ca m'amuse. Ils me prennent pour un con. Et ça m'amuse vraiment. Je mène la danse. La fatigue peut-être. Et lance quelques mots en arabe pour les alerter. Mais ces idiots ne se doutent de rien.
Après quinze bonnes minutes, le grand moustachu, un peu rouquin, tamponne mon passeport.
- Ton passeport est un faux, me dit-il en clignant de l'oeil. Je le regarde avec une mine déconcertée. Lui est fier de l'effet que cela produit. Allez au revoir bande de cons. Reste un dernier fonctionnaire jetant un coup d'oeil à chaque passeport. Un petit jeunot, qui n'a pas l'air bien dans ses baskets, ni dans son uniforme vert pistache. Il me demande une kramiya - un petit bakchich.
- What?
- Money, money
- Why? I paid 28 dollars for my visa, give me my passeport
- Welcome...
Je precise quand meme que les syriens de la rue sont vraiment gentils et accueillants. Il n'y a que dans les institutions que ca bloque. Ca doit etre genetique comme dirait l'autre candidat.

Bonjour Syrie!

dimanche 22 avril 2007

Requiem pour Jean-Marie Le Pen

C'est fait. Le cauchemard d'un deuxième "21 Avril 2002" est passé. Avec un score nettement en baisse, Jean-Marie Le Pen peut dire adieu à la politique. Mais surtout. Surtout. Le score ridicule du MPF de Devilliers et de son toutou en mal d'affection Guillaume Peltier. Comme on dit, "la France, soit vous l'aimez, soit vous la quittez". A bon entendeur. Enfin, un constat clair et net. Face à la montée de l'extrémisme, ce sont les programmes qui ont pris le dessus. Les projets de société, d'une part, et de l'autre les peurs et incertitudes montées de toutes pièces. Chapeau pour François Bayrou qui triple son score de 2002. Allez, bonne chance et que le meilleur gagne!

samedi 21 avril 2007

La grande muraille de Adhamiya

Il ne manquait plus que ça. Les américains n'ont trouvé pour seul remède à l'échec du plan de sécurisation de Bagdad la construction d'un mur de quatre mètres de haut autour du quartier nord, et sunnite, Adhamiya. Une solution ? Pas pour les habitants du quartier qui redoutent d'être visités par des escadrons de la mort. Notons en passant que le quartier va devenir accessible par une seule entrée, donc inaccessible. Sauf pour les forces irakiennes et américaines. Très rassurant. Les américains en rigolent et comparent le mur aux protections des quartiers riches de la banlieue américaine. En fait, il est plutôt comparable au mur érigé par l'Etat hébreu entre Israël et la Cisjordanie. Très drôle, effectivement. Est-ce bien raisonnable? Jusqu'où va-t-on aller? Les habitants du quartier Adhamiya, eux, ont peur. "Nous sommes une cible facile. Désormais, il va pleuvoir des obus de mortier" se plaint déjà un commerçant du quartier.
Quant à moi, j'ai envie de dire merci. Merci aux américains et au gouvernement irakien pour tant d'imagination et d'initiative pour pacifier l'Irak. Messieurs les ministres, vous êtes sur la bonne voie. Continuez comme ça. Un terme me vient à l'esprit : mur de ségrégation...

J-1 avant la rupture, J-3 avant mon départ

Plus que quelques heures à attendre avant de poser un pied dans la nouvelle France. Et encore deux semaines de patience pour poser le deuxième derrière la ligne. Je pars dans 3 jours. Je n'assisterais pas au second tour. Seulement par procuration. Dans quel état vais-je retrouver mon pays natal. La France. En rupture? En continuité? En guerre entre la France d'en bas et celle d'en haut. L'incertitude. C'est le trou noir. Personne ne saurait avancer avec certitude un pronostic avant l'échéance. Il est plus de trois heures du matin. J'écris n'importe quoi... Pardonnez ma fatigue.

vendredi 20 avril 2007

Touriste français ou irakien de passage?

LA question à se poser lorsque l'on se rend au Moyen-Orient. L'accueil n'est jamais chaleureux surtout si vous êtes journaliste et en plus d'origine irakienne. Alors que faire? Dire que l'on vient respirer l'air purificateur de "votre" pays, le tout grimacé par un rictus d'animateur télé de TF1? Ou bien la jouer sûr de soi, un brin diplomate, le "j'ai pas le temps, une voiture de l'ambassade m'attend à la sortie...", même si en fait c'est un taxi orange et blanc qui vous attend de dinar ferme. Finalement, je crois que je vais tenter le touriste français en mal de sensations orientales... C'est plus sûr.

mercredi 18 avril 2007

160 Morts!

Une conversation téléphonique que je viens d'avoir :

- Allô Feurat?
- Oui
- C'est itélé, tu es à Bagdad?
- Non je suis à Paris, je serais à Bagdad la semaine prochaine.
- Merde, trop tard. Il y a 160 morts là.
- Désolé...
- Bon, on t'appellera la semaine prochaine. Au revoir.

L'actualité "chaude" n'a pas d'heure, pas de jour.

Top départ!

Aujourd'hui, Mercredi 18 Avril 2007 à 15h20, le soleil brille. Eté précoce, à moins que ce soit celui de l'année dernière qui nous rattrape. J'ai décidé de démarrer ce blog. Un blog de comptoir. J'y raconterai des anecdotes, des choses vues et senties, d'ici et d'ailleurs.
D'ailleurs? je pars dans une semaine pour quelques mois au Moyen-Orient. D'abord la Syrie, puis l'Irak. Pour mon boulot de journaliste. Entre les feuillets et correspondances, j'essaierai d'écrire sur ce blog les détails souvent jetés à la corbeille par nous les journalistes. Les phrases que l'on surligne avant d'appuyer sur le bouton "supprimer", faute de place ou de contexte.
D'ici? Nous sommes à quatre jours du scrutin. Avec quatre "gros" candidats sur le ring. Qui remportera le titre de champion de France ? Qui va décocher une bonne droite (ou une bonne gauche) à ses adversaires ? Entre le ministère de l'immigration et de l'identité nationale, le smic à 1500 Euros, le nouveau centrisme et la fermeture des frontières, il y a de quoi être servi. Va-t-on rester dans cette logique de confrontation entre majorité et opposition ? Oui, je revendique le changement de système. Pour moi, la vrai rupture est celle qui casse un système vieillot qui rampe depuis des années.
Françaises, français, la révolution, ce n'est pas Le Pen. Dire non, ce n'est pas voter FN. Avançons vers des idées nouvelles. Arrêtons de nous regarder dans le blanc des yeux et de stagner.
J'avoue que je n'ai jamais autant attendu d'une élection présidentielle. En même temps, j'en ai suivi que trois...