14h38...14h39...14h40...
Paris souffle un peu avec ses ruelles vides.
Paris, une bronchite chronique. Mon élixir ? Ma montre.
Seule l'horloge ne prend pas de vacances. Jamais. Véritable certitude, l'aiguille tourne toujours dans le même sens et au même rythme. Mais il est possible de saisir des secondes durant quelques minutes. S'il est difficile d'immortaliser le présent, un retour en arrière ne demande qu'un peu de concentration. Comme fixer un coin de la pièce ou fermer les yeux : le voyage, peu à peu, prend forme.
Bagdad. 1989. 20 ans déjà.
L'avion se pose sur le tarmac de l'aéroport international de Saddam Hussein en pleine nuit. A notre descente, l'air chaud nous secoue les particules. A l'intérieur, les plafonds sont illuminés par les stalactites en verre. Les officiers moustachus sentent l'après-rasage et laissent leur odeur de parfum sur nos passeports.
Ce qui m'attend dans ce pays va me coller à la peau, s'inscrire dans ma chair. Et me suivre pour le restant de mes jours, les odeurs, les couleurs, les mots. J'ai posé le pied sur cette plaine désertique où les routes goudronnées et les lampadaires orangeâtres sont des intrus. Des éléments annonciateurs d'une modernité incapable de s'approprier la nature. La nature irakienne est brute. Chargée d'histoires prophétiques, balayées par les tempêtes de sable. Comme si tous recommençait à zéro à chaque clignement des yeux...
1 commentaire:
De passage sur ton blog... Très beau texte... L'invitation au voyage...
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