Je n'habite pas très loin de la gare de l'est. Il m'arrive donc souvent de les croiser. Ils errent dans les rues de Paris mais ne s'éloignent jamais de la gare. Ils sont afghans, kurdes ou d'ailleurs et portent sur leurs visages les kilomètres qui les séparent de leur contrée. Venus en bateau, puis à la marche, à la nage, en train, parfois saisis par la police, souvent manipulés par les passeurs. Ils errent dans les rues et portent le fardeau de tout un pays derrière un sourire. Le sourire de la misère. Celui du désespoir parfois. La nuit, certains baroudent pour gaspiller le temps qui reste avant le prochain départ. Un départ incertain. Leur but ? Atteindre ce qu'ils croient être l'eldorado, ce qu'on leur a toujours ressassé depuis l'enfance : "ici, il n'y a rien, alors va chercher le bonheur là - bas où la lumière ne provient pas seulement du soleil". D'après un proverbe afghan : "Le nuage est sombre mais ce qui en tombe est de l'eau pure"
Quand je les aperçois dans la rue, un vers du poème "Bonjour tristesse" de Paul Eluard me vient à l'esprit. "...Bonjour Tristesse, tu n'es pas tout à fait la misère, car même les lèvres les plus pauvres te dénoncent par un sourire..."
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